Travailler avec des freelances créatifs en direct : mode d’emploi (1/3)

Travailler avec des freelances créatifs en direct : mode d’emploi (1/3)

Épisode 1/3 : identifier les bons talents et créer la bonne équipe 🏆

Un mythe qui a la peau dure, c’est que la créativité appartient aux agences. C’est faux. La créativité appartient aux talents créatifs et il n’y en a pas qu’en agence. Qu’ils soient internes ou externes à l’entreprise, l’enjeu c’est de bien collaborer avec eux, pour produire ensemble le meilleur travail possible. Avec cette série en 3 parties, nous voulons vous partager des idées, outils et techniques simples, issus de nos 10 ans passés en agence et des retours d’expérience de nos 250 freelances créatifs, pour favoriser la créativité dans tous les projets.

Les 5 paradoxes du talent

Le succès d’un projet créatif dépend non seulement des compétences, mais aussi des soft skills des personnes qui y collaborent. Comment choisir les meilleurs talents et les meilleures équipes pour un projet ? Dans ce premier article, nous révélons les paradoxes que nous avons découverts, dans la gestion du talent.

1. Il n’y a pas de bon ou de mauvais profil

A quelques exceptions près bien sûr, il n’y a de “bon” talent que pour un sujet, un projet, un contexte donnés. La perle rare pour une mission peut ne pas coller DU TOUT avec une autre. Aujourd’hui, si nos clients apprécient autant nos freelances, c’est parce que nous déployons tout notre savoir-faire à garantir que les profils que nous proposons soient les bons : pour le client, pour le projet.

L’histoire de notre pire match chez acracy 😬

Connecter les entreprises avec les meilleurs freelances de l’industrie créative en moins de 48h c’est notre promesse. Pour la tenir on discute avec des talents incroyables tous les jours et en quelques mois on a eu la chance d’intégrer quelques grands noms du secteur dans la communauté.

Alors quand un client avec un gros enjeu créatif nous a briefés, nous avons sélectionné deux des plus beaux track records créatifs que nous ayons chez acracy. Mais ça ça n’a pas fonctionné. Sans rentrer dans les détails, on a réalisé ce jour là que : l’historique créatif de l’entreprise, le degré de liberté créative, les équipes en charge du projet, les tempéraments en présence, le format de la mission, les possibilités d’échange en cours de projet, tous ces critères importants sont en réalité les plus déterminants pour qu’une mission se passe bien. Notre client nous a pardonnés, et nous avons appris d’une erreur que nous ne commettrons plus.

2. La meilleure équipe n’est pas forcément constituée des “meilleurs”

On l’a tous vécu. Le projet est extrêmement important, on assemble une dream team de gens incroyablement senior, compétents, des gens qui surperforment. Et ça ne marche pas.

“Que des numéros 10 dans ma team”, c’est évidemment tentant, mais c’est souvent la recette du désastre. Car quand les egos se confrontent, et que les responsabilités ne sont pas claires, les compétences individuelles ne s’ajoutent pas, parfois même elles s’annulent.

Il y a deux clés pour créer une équipe qui marche. La première, ce sont des responsabilités bien définies, et particulièrement un.e team leader bien défini.e. Dans son livre The Perfect Pitch, qui décortique les clés de succès d’un process de new business en agence (le type de projet qui combine le duo explosif : pression intense et délais courts), Jon Steel prend l’exemple de la fabrication des moteurs de Porsche. Sur les lignes de production, une personne est responsable du suivi de la fabrication entière chaque moteur, et va même jusqu’à le signer. C’est une garantie de qualité, et de fierté des équipes. La deuxième clé bien sûr c’est l’alchimie : “the ideas get better much quickly when they are shared and debated by a small group of people who like and respect each other” affirme Jon Steel. Quand les talents, même s’ils ne sont pas les plus performants individuellement, fonctionnent bien ensemble, le résultat est plus grand que la somme des individus.

3. Plus c’est expert, plus ça devrait être simple : repérer la novlangue

A votre avis qu’est-ce que fait un “Customer Journey Mapping Solution Manager” de ses journées ?

Et un “facilitateur d’image” ?

Et euh…

Ou…

Et surtout…

Avec la montée en spécialisation des talents, on se retrouve souvent face à des noms de métier complexes, pour ne pas dire étranges, qui nous font douter : est-ce que c’est nous qui n’y connaissons rien ?

Pourtant la vérité est simple : les profils qui sont les plus experts sont ceux qui vulgarisent aussi le mieux ce qu’ils font. Si c’est flou, c’est qu’il y a un loup, comme disaient nos Agile Apple Pie Masters, pardon, nos grand-mères. Il est probable que notre Customer Journey Mapping Solution Manager soit en réalité quelqu’un qui soit simplement responsable de l’expérience client en ligne.

4. Les compétences, c’est 20% du succès créatif

Selon une étude de l’Université de Law, près de 80% de la réussite d’une carrière sont déterminées par les soft skills.

Quels sont ces soft skills, et comment les mesurer ?

Chez acracy, nous menons des entretiens avec tous nos freelances, et nous évaluons particulièrement 7 critères qui nous semblent clés dans la réussite des missions freelance :

  • communication : savoir se raconter et raconter ses idées
  • collaboration : aimer le travail en équipe
  • autonomie : savoir à prendre des initiatives
  • analyse : avoir du recul sur son métier et les besoins du client
  • gestion de la pression : pouvoir/aimer travailler dans des délais contraints et à un rythme élevé (oui, il y a des gens qui préfèrent)
  • créativité : sortir des sentiers battus, à aller plus loin que ce qui est attendu
  • choix du freelance : être à l’aise avec le statut, ses enjeux et ses contraintes

Ces critères ne sont, pour la plupart, pas discriminatoires. Ils nous servent à assurer le meilleur match sur une mission : un.e freelance qui aime travailler en solitaire et sur le temps long peut être parfait.e pour certains clients et pas pour d’autres. Définir les soft skills attendus dans une entreprise est clé dans le choix des profils.

5. Peut-être qu’il vous faut quelqu’un qui n’y connaît (presque) rien

Très souvent, on cherche le talent le plus expert possible sur un sujet pour gagner du temps. Mais quand une équipe connaît un sujet sur le bout des doigts et y travaille depuis longtemps, sa créativité peut commencer à s’essouffler. Parfois dans ces cas-là, la meilleure idée est d’introduire un élément perturbateur, qui peut apporter des compétences différentes et de la fraîcheur. Charlan Jeanne Nemeth, professeur de Psychologie à Berkeley, a défini ce qu’elle appelle la “Minority influence Therory” : exposés à un point de vue divergent, même s’il est faux, un groupe de personnes va soudainement démontrer une meilleure créativité, et une meilleure performance.

Peut-être que ce qu’il vous faut pour écrire votre film TV, c’est un.e auteur.e de cinéma, peut-être que ce qu’il vous faut pour votre identité c’est un.e street artist, peut-être que ce qu’il vous faut pour votre stratégie c’est un.e entrepreneur.e de startup. Ces profils différents peuvent apporter une richesse que n’auront pas certains profils plus traditionnels.

Voici pour ce premier opus nos 5 paradoxes sur le talent.
Certains vous sembleront peut-être évidents, certains vous sembleront peut-être absurdes. Dans tous les cas, nous serions ravis d’en discuter : weareacracy@gmail.com.